Fiche 13 : Henri Laudier et la construction de logements sociaux

| Partie 3 A) |



Après la Première Guerre mondiale, l’Etat relance le développement urbain. En effet, la loi Cornudet du 14 mars 1919 (document 86a) impose à toutes les communes d’au moins 10 000 habitants de bâtir un projet « d’aménagement d’embellissement et d’extension », véritable ancêtre de l’actuel Plan d’Occupation des Sols. Pour la première fois de son histoire, Bourges doit réglementer son urbanisme. Après de nombreuses démarches auprès des instances administratives de l’Etat, ce document est approuvé le 6 septembre 1932. Il prévoit les emplacements réservés aux zones résidentielles, aux zones industrielles, aux équipements publics, ainsi que les nouvelles voies à construire. Il préserve les quartiers et les monuments historiques de la ville. Comme l’écrit le maire de Bourges, Henri Laudier en 1922, « … Il faut rendre notre ville accueillante, en un mot, la moderniser, mais en mettant en valeur ses beautés archéologiques… » (document 86b).


Né le 20 février 1878 à Vierzon, H. Laudier devient député du Cher, puis maire de Bourges en 1919. Régulièrement réélu, il reste le premier magistrat de la ville jusqu’à sa mort le 10 octobre 1943. Elu sénateur en 1930, il quitte le Parti socialiste en 1934. Le 10 juillet 1940, le sénateur Laudier vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et fait même voter une adresse de fidélité au nouveau chef de l’Etat français par le conseil municipal de Bourges le 24 mai 1941. L’un de ses anciens camarades, le socialiste Charles Cochet, exclu de ce même conseil municipal en vertu de la loi du 12 novembre 1940 sur la « Réorganisation municipale », fait lui le choix courageux et honorable d’entrer dans la Résistance française. En 1945, ce dernier devient maire de Bourges.


Si l’on fait abstraction de l’attitude politique de Laudier sous l’Occupation, l’élu municipal est un homme qui marquera l’histoire berruyère. Pendant presqu’un quart de siècle, ce gestionnaire imaginatif, autoritaire et efficace cherche à développer l’économie de la ville (fiche 14), à améliorer le bien-être des berruyers (fiche 15), à développer l’éducation, la culture et le sport (fiche 16) et à moderniser Bourges.


Confronté à la crise du logement d’après-guerre, ce bâtisseur cherche d’abord à développer le logement social, en particulier les Habitations à Bon Marché (H.B.M.), ancêtres des H.L.M. (document 87). En 1922, il fonde l’Office municipal d’H.B.M. qu’il préside. Presque au même moment, le très influent maire socialiste de Suresnes et ami de Laudier, Henri Sellier, lance une campagne nationale afin d’encourager la construction de cités-jardins. En 1927, H. Laudier envisage de construire les cités-jardins du Moulon au nord de Bourges et décide d’en confier l’étude à l’architecte de l’Office Public d’H.B.M. du département de la Seine, Maurice Payret-Dortail (document 88). Jugé trop coûteux, ce projet est abandonné et remplacé par celui de l’architecte Demay. Les 120 logements de la cité-jardins du Moulon sont mis en service en 1932-1933.


En 1940, l’Office municipal d’H.B.M. de Bourges a édifié au moins 600 logements depuis sa création, dans des nouveaux quartiers (l’Aéroport) ou à la place de taudis. La plupart de ces H.B.M. a été construit par l’entreprise Leising. Ils sont situés dans le quartier des Etablissements militaires, rue Cardinal Dupont et boulevard Auger à l’est ; dans le quartier du Moulon au nord afin de loger la population ouvrière de la fabrique Chédin, de l’usine Labbé et de la fonderie Mathioux ainsi que dans le nouveau quartier de l’Aéroport au sud-ouest de Bourges (voir fiche 14).