Fiche 12 : le développement industriel et urbain de Bourges pendant la Première Guerre mondiale

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A la fin de 1914, la guerre est marquée par un déluge d’acier et de feu qui génère une forte augmentation de la production industrielle. L’Etat français est contraint d’organiser une économie de guerre qui mobilise l’activité industrielle nationale, en particulier celle de Bourges.


Dès 1915, il faut produire de plus en plus d’armes et de munitions et agrandir les surfaces utilisées (document 81). En 1918, l’usine de la Pyrotechnie des Etablissements militaires de Bourges (voir fiche 7 et documents 30, 46 et 48) a quintuplé sa superficie afin de fabriquer d’énormes quantités d’explosifs. La même année, 25 000 personnes – dont plus de 14 000 ouvriers mobilisés originaires du Nord de la France et de la région parisienne – des milliers de femmes et des milliers d’ouvriers étrangers travaillent aux Etablissements militaires de Bourges (document 82). Globalement, les effectifs ont été multipliés par cinq depuis 1914. L’usine de munitions Louis Billant au Prado, créée en 1915 et l’entrepôt de Port-Sec complètent le complexe militaro-industriel berruyer.


Selon C.J. Gignoux, Bourges se transforme provisoirement en une grande ville de guerre cosmopolite qui passe de 46 000 habitants environ en 1914 à près de 110 000 en 1918 (document 83). La ville accueille des réfugiés venus des régions envahies par les Allemands, des ouvriers de l’Empire colonial français (marocains, kabyles, indochinois), des ouvriers étrangers (russes, serbes, chinois…) et des soldats américains.


Les logements sont mobilisés. Si les berruyers acceptent de louer une partie de leurs habitations aux étrangers, des hôpitaux (l’Hôpital Lariboisière), des établissements religieux, des hangars sont aménagés et transformés en logements provisoires. Des baraquements militaires sont hâtivement installés sur des terrains inoccupés à l’est de Bourges, entre l’Ecole centrale de Pyrotechnie et les Fonds-Gaidons. Ces constructions provisoires donnent naissance aux quartiers dits « des Bigarelles » et « des Dumones » et sont peu à peu remplacées par des immeubles collectifs (voir document 110).


Le développement considérable des Etablissements militaires provoque un essor industriel et humain intense à Bourges, mais de courte durée. Comme partout en France, Bourges doit faire face à la démobilisation de son industrie à la sortie de la guerre. Quelques semaines après l’armistice, les commandes d’armement cessent et provoquent la mise au chômage de plus de 10 000 ouvriers. Au cours du débat parlementaire du 14 février 1919, Louis Loucheur, ministre de la reconstruction industrielle annonce qu’il faut « décongestionner » les Etablissements militaires français, dont celui de Bourges. Rapidement, les effectifs ouvriers diminuent pour s’arrêter à un chiffre proche de 4 500. En 1921, la ville de Bourges retrouve elle aussi sa population d’avant-guerre, soit 46 000 habitants environ. Le nouveau maire, Henri Laudier, considère qu’il faut moderniser Bourges et construire de nombreux logements pour la population berruyère modeste (voir fiche 13).