Fiche 14 : le développement économique et l’extension de la ville au sud-ouest

| Partie 3 B) |



Après plus de quatre ans d’intense activité économique pendant la Première Guerre mondiale, la municipalité cherche à relancer le commerce local. Dès 1919, le maire Henri Laudier (voir fiche 13) décide d’organiser une réunion économique annuelle, la Foire exposition de Bourges, dans la Halle au blé. Au fil des années, cette manifestation reconnue attire de plus en plus d’agriculteurs, de commerçants et d’industriels (documents 89a, 89b et 89c). La Halle au blé se révélant au fil des années trop exiguë, la municipalité transforme en 1932 le grand parc communal Saint-Paul en Parc des Expositions afin d’y accueillir, entre autres, les futures foires exposition de Bourges (document 90). Grâce à ce nouvel équipement, le nombre de visiteurs double pratiquement en deux ans. En effet, les entrées payantes passent de 33 369 en 1931 à 62 454 en 1932. Dans les années 1930, la Foire exposition de Bourges est devenue la principale manifestation économique de la région.


Pendant les années 1920, le commerce local a une activité en forte expansion. Les unions économiques de commerçants berruyers, créées au début du siècle pour résister à l’implantation de grands magasins (voir fiche 10), diversifient leurs pratiques commerciales. Des jeux sont proposés aux berruyers afin de mettre en valeur les petits commerces du centre-ville, en particulier ceux de la rue Moyenne, de la place Planchat ou de la rue d’Auron (document 91). En 1929, ces derniers créent d’ailleurs l’Union des Commerçants d’Auron. Dans la presse locale, la publicité annonce les prix des articles vendus « en réclame » par les commerces berruyers, parfois par pages entières (documents 92 et 93). Le grand incendie du 14 septembre 1928 détruit certains établissements de la rue Moyenne – en particulier les magasins Nouvelles Galeries – et provoque leur reconstruction. A la suite de ce sinistre, la municipalité décide de créer un corps permanent de sapeurs pompiers et le dote d’engins modernes en 1930.


Bourges bénéficie aussi d’un mouvement de délocalisation industrielle qui s’opère pendant l’entre-deux-guerres. Le gouvernement d’alors incite les usines métallurgiques du Nord travaillant pour la défense nationale à s’éloigner des frontières et à s’installer à l’abri. Comme en 1861 avec l’installation des Etablissements militaires (voir fiche 7), la position centrale de Bourges lui permet d’accueillir une usine aéronautique en 1927. En accord avec la municipalité, le terrain du Lautier, situé route d’Issoudun au sud-ouest de Bourges, est choisi pour recevoir la Société des Avions Hanriot (document 94). Dès 1928, la ville est dotée d’un terrain d’aviation, d’une usine fabriquant des avions, d’une école de pilotage pour la formation de pilotes civils et d’une aérogare (document 95). En 1937, le gouvernement de front populaire réunit la Société Hanriot et les Avions Henry et Farman afin de former la Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre, ancêtre de la société M.B.D.A. L’usine emploie alors 2 000 salariés. Alors que la population berruyère stagne depuis 1891, l’arrivée de l’aviation lui permet de progresser : celle-ci passe de 45 000 habitants environ en 1931 à 50 000 en 1940.


L’arrivée de l’aviation incite la municipalité Laudier à mettre en œuvre une importante opération d’urbanisme sur un espace situé au sud-ouest de Bourges, entre le faubourg d’Auron et le nouvel aéroport. Afin de loger une partie du personnel de l’usine près de leur lieu de travail, les architectes Payret-Dortail, puis Demay (voir fiche 13) projettent de construire une cité-jardins dans le quartier dit « de l’Aéroport ». Au total, 408 logements, soit 273 logements collectifs et 135 logements individuels, sont construits avant la Seconde Guerre mondiale (document 96). Une nouvelle église, l’église Saint-Henri, est achevée en 1932 (document 97). Construite partiellement en béton armé, elle est d’un style proche de l’église du Sacré-Coeur et de Sainte-Barbe, bâties pendant l’entre-deux-guerres dans d’autres quartiers berruyers.