Fiche 8 : l’amélioration de la circulation dans la ville

| Partie 2 B) |



A partir des années 1860, Bourges devient une ville industrielle grâce à la forte présence des Etablissements militaires (voir fiche 7).


Dès son élection à la mairie de Bourges en 1878, Eugène Brisson constate que les trois grandes zones industrielles et commerciales de la ville sont situées à la périphérie de la ville et qu’elles sont mal reliées. Il s’agit du complexe commercial canal de Berry/Halle au blé/Abattoir municipal dans le faubourg d’Auron à l’ouest (voir fiche 2), de la gare de Bourges au nord (voir fiche 3) et surtout des Etablissements militaires à l’est (voir fiche 7). Pour assurer le développement futur de la ville, la municipalité choisit de les placer au milieu d’un système de communication circulaire les reliant entre-elles, composé de voies nouvelles larges et spacieuses situées à l’extérieur de la ville. Pour Eugène Brisson, il faut faire progresser l’homme en développant « … l’enseignement public et la circulation et l’assainissement et tout ce besoin de bien être d’une civilisation avancée… » (documents 51a et 51b).


Un ambitieux programme de travaux de voierie élaboré est réalisé en une quinzaine d’années, essentiellement pendant l’administration Brisson (1878-1888). Il comprend 5 grandes opérations (documents 52 et 53). Sur le tracé des fossés de l’enceinte médiévale, on construit des nouveaux boulevards rectilignes plantés d’arbres. Le boulevard Saint-Sulpice (actuel boulevard Gambetta) est élargi afin de relier la gare de Bourges au canal de Berry. Le boulevard de la République (actuels boulevards de la République et Georges Clémenceau) est ouvert afin de relier la gare aux Etablissements militaires, par l’intermédiaire de la rue Nicolas Leblanc, de la place Malus et des boulevards Auger et Lahitolle. On commence la construction du boulevard de l’arsenal (actuels boulevard du Maréchal Foch et Joffre) et du boulevard de l’industrie afin de relier les Etablissements militaires aux usines Mazières (document 54). On prévoit l’achèvement de l’actuel boulevard de Strasbourg et une rectification partielle de la rue Bourbonnoux. L’ouverture de ces nouveaux boulevards stimule le peuplement et le développement de ces trois zones d’activités économiques durant les années 1880-1910.


Ce programme de voierie urbaine n’est cependant pas voulu par tous. Une partie des berruyers, soutenue par l’opposition conservatrice et le « Journal du Cher », s’opposent aux projets du maire radical Eugène Brisson. Ceux-ci considèrent qu’il faut développer la circulation à l’intérieur de Bourges ainsi que le commerce local, c’est-à-dire le centre de la ville, et non sa périphérie. Ils reprochent au premier magistrat de la ville de ne pas « tenir assez compte des traditions ». En fait, Eugène Brisson considère qu’il faut moderniser la ville en construisant de nouveaux établissements scolaires (voir fiche 9), en favorisant les activités commerciales et financières dans le centre-ville (voir fiche 10) tout en équipant les quartiers périphériques de Bourges. Deux visions radicalement opposées du futur développement de la ville s’affrontent.


Dès cette période, de nombreuses rues, places ou boulevards sont déchristianisées. Le 28 mai 1889, le conseil municipal de Bourges donne à l’esplanade Saint-Michel le nom d’esplanade Marceau, en l’honneur du général des armées de l’an II dont la dépouille est placée au Panthéon l’année du centenaire de la Révolution française (document 55). A la fin du XIXème siècle, un modeste kiosque à journaux se situe en haut de l’esplanade Marceau.


A la même période, Bourges compte 45 000 habitants environ et doit posséder un service moderne de transport en commun. Malgré les multiples pressions qui visent à empêcher la réalisation du tramway, cet ambitieux projet voit le jour en 1898 (document 56). Il compte trois lignes qui conduisent les voyageurs de la gare à l’Ecole de pyrotechnie, à l’Arsenal et à la route de Saint-Amand (documents 57, 58 et 59). En 1949, les tramways ne fonctionnent plus et sont remplacés par des autobus.


La modernisation de Bourges passe aussi par la construction de nouveaux établissements scolaires (voir fiche 9).