Fiche 5 : les projets de réorganisation du centre-ville

| Partie 1 E) |



Au milieu du XIXè siècle, certaines opérations de voierie ont pour objectif de modifier la morphologie du centre-ville qui n’a été que peu transformé depuis l’Ancien Régime. La ville de Bourges n’est plus considérée comme une addition d’espaces distincts mais comme un véritable réseau urbain dont les équipements en sont les éléments constitutifs. En 1850, l’architecte municipal Barthélémy Juillien, concepteur de la Halle au blé (voir fiches 1 et 2), projette de réaliser une gigantesque percée dans l’axe de la cathédrale appelée « rue Neuve rue du pont ». Ce projet d’inspiration néo-classique cherche à créer une place centrale correspondant à l’ancien centre d’activité de la ville sous l’Ancien Régime (l’actuelle place de la Nation), tout en dégageant la cathédrale.


Celui-ci n’est pas retenu par la municipalité qui lui préfère celui de l’architecte diocésain Hippolyte Roger (document 29) (voir fiche 2). Son projet, conçu entre 1849 et 1852, propose de dégager la cathédrale en supprimant toutes les maisons entourant l’abside et de créer une place devant la façade occidentale de l’Eglise. Il désire aussi réutiliser l’orientation de l’axe principal de la cathédrale afin d’ouvrir une voie, de part et d’autre de ce monument prestigieux, destinée à relier le centre-ville et les futurs établissements militaires. Roger prend beaucoup plus en compte le développement à venir de la ville que Juillien et s’inspire ouvertement du modèle haussmannien parisien.


Sous le Second Empire, une nouvelle rue située à l’ouest de la cathédrale doit porter le nom de l’impératrice et relier le centre-ville, en particulier la rue Moyenne. Une autre rue, située à l’est de la cathédrale, doit porter le nom de « rue Napoléon III » et assurer la liaison entre le centre-ville et les établissements militaires par l’intermédiaire de la place Malus (document 30). Ces deux percées larges et généreuses mettent en valeur le plus grand monument historique de Bourges et ressemblent aux boulevards de la capitale. D’autre part, le percement de la rue Moyenne entre 1850 et 1853, entre la caserne Condé et la manutention militaire, permet de relier la gare, le centre-ville et le sud de la ville. En 1859, le théâtre municipal Jacques Cœur, situé près de la rue Moyenne et du palais Jacques Coeur est construit sur l’emplacement d’un ancien lieu de spectacle détruit par un incendie.


Le projet d’Hippolyte Roger sommeille pendant une dizaine d’années puis est réactualisé lors de la visite de l’empereur et de l’impératrice à Bourges les 10 et 11 juillet 1862. Malgré les importantes subventions mises à disposition de la municipalité de Bourges par différents ministères, la municipalité considère que les finances communales sont en difficulté et préfère attendre. Cet ambitieux projet n’est donc réalisé que partiellement et tardivement. Les travaux de construction de la future rue « Napoléon III » ne débutent qu’en 1867. Achevée quinze ans plus tard, sous la Troisième République, la rue Napoléon III prend alors le nom de « boulevard de Strasbourg ». L’enceinte de l’octroi, le rempart Saint-Ursin qui longe la cathédrale, n’est démolie qu’en 1870 (document 31). En 1924, la maison dite « du Suisse » est détruite afin qu’on puisse contempler et photographier plus facilement la cathédrale.


Entre 1851 et 1854, la préfecture du Cher est restaurée et agrandie sous la direction des architectes Roger et Bussière, puis de Bussière seul (documents 32 et 33). L’aile située entre les services préfectoraux et la prison est reconstruite puis prolongée par un nouveau bâtiment. La préfecture s’agrandit encore en 1854, après l’acquisition par le conseil général du Cher de la maison dite « Gangneron ».


Au moment où l’Etat se préoccupe de moderniser et d’embellir les bâtiments préfectoraux, la municipalité de Bourges envisage de construire un château d’eau d’une grande contenance afin d’assurer les besoins en eau de la population (voir fiche 6).