Fiche 4 : l’installation des usines Mazières et l’extension de Bourges au sud

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En 1845, le marquis de Vogüe décide de fermer ses forges d’Ivoy-le-Pré fabriquant du matériel de chemin de fer et de construire le même type d’usine à Mazières, à 1500 mètres au sud-ouest de Bourges, près du canal de Berry et du futur itinéraire de la voie ferrée venant de Vierzon (document 21). Doté de deux hauts fourneaux, cet établissement moderne délaisse le bois et l’énergie hydraulique pour utiliser le coke et la machine à vapeur. Le projet d’installation d’une gare provisoire à Mazières n’aboutissant pas (voir fiche 3), ces usines métallurgiques ne sont pas raccordées à une grande ligne de chemin de fer, mais au canal de Berry, et se trouvent donc gênées pour leurs transports (document 22).


L'usine est construite en 1847. Malgré son éloignement de la gare de Bourges, Mazières se développe pendant la deuxième moitié du XIXè siècle et compte 550 ouvriers en 1882 contre 453 en 1855. En 1905, outre les deux hauts fourneaux, elle possède une fonderie de deuxième fusion, une petite aciérie, ainsi que des ateliers de modelage, de chaudronnerie, de tours et d’ajustage (documents 23 et 24). La réputation de l’usine est largement due à sa capacité à fabriquer du matériel fixe pour les chemins de fer ainsi que de la fonte d’art. On retrouve ces productions dans plusieurs lieux du monde tels que le Marché couvert de Bourges (1884) (document 73) ou la gare de Vienne en Autriche.


Au cours du siècle, le renforcement de l’encadrement des ouvriers et de la spécialisation du travail contribuent à accroître les hiérarchies professionnelles au sein de l’entreprise. La séance de photographie à l’usine est là pour nous le rappeler. C’est aussi l’occasion pour chacun de poser avec ses habits de travail et ses outils et de mettre en valeur la production locale (documents 25 et 26).


Afin de sédentariser une population ouvrière assez instable, l’habitat est greffé à l’usine. Lors de la construction de l’usine de Mazières, le marquis de Vogüe fait construire un lotissement le long des rues Sainte-Ursule et Sainte-Angélique afin de loger à bas prix, près de l’usine, un groupe d’ouvriers issus des forges d’Ivoy-le-Pré qu’il vient de fermer. La présence de l’usine favorise le développement de quartiers d’habitation au sud de Bourges, près de la route de Saint-Amand et du chemin de Mazières, posant en même temps de nouveaux problèmes de voierie. Le 25 juillet 1857, la municipalité et le marquis de Vogüe décident que les travaux d’ouverture de la future rue de Mazières, parallèle à la route de Saint-Amand, seront financés à égalité par les deux parties sur une longueur de 1330 mètres. Le marquis de Vogüe obtient que sept ruelles transversales soient construites en même temps afin d’y accueillir les nouveaux lotissements ouvriers (documents 27 et 28).


En 1898, l’usine de Mazières possède une école destinée aux enfants d’ouvriers employés dans l’usine, une chapelle, une caisse de secours mutuels, une caisse d’épargne, une caisse de retraite et une épicerie vendant des produits à bon marché. Des générations d’ouvriers sont prises en charge par leur employeur, du berceau à la tombe. D’une manière générale, si les conditions de vie des salariés s’améliorent, cette politique paternaliste permet un renforcement du pouvoir patronal. En 1904, la direction de l’usine s’oppose en vain à la construction d’un groupe scolaire public dans le quartier (voir fiche 9). En 1930, l’usine Mazières cesse ses activités et est vendue à la société Bernheim.


La construction de la rue de Mazières et de nouveaux lotissements ouvriers ont donc fortement contribué au développement des quartiers situés à la périphérie sud de Bourges à partir des années 1850. A la même période, la municipalité projette de réorganiser le centre-ville (voir fiche 5).